Personnage à part du monde de l’iphoneographie parisienne, Captain Fluo, photographe professionnel devant son pseudonyme à l’utilisation de lumière noire dans certains de ses clichés les plus connus, a déjà eu le bonheur de voir son travail faire la une du Monde, de Libé, L’Echo des savanes ou encore L’Expension. Passé à l’iPhone 3GS depuis quelque temps, il ne tarit pas d’éloges pour cet appareil unique en son genre, qu’il ne lâche jamais de Paris à la Corse, terre de ses ancêtres.
Tu as récemment eu l’occasion, de faire un portrait de Jérôme Ferrari, lauréat du Goncourt 2012 : comment as-tu eu cette opportunité et comment cela s’est-il déroulé ?
Il se trouve que j’avais offert à ma maman ce roman : « Le sermon sur la chute de Rome » pour son anniversaire, histoire de changer un peu des foulards ou des parfums et de viser un peu plus haut que le collier en or de chez Panzani (rires).
Plus prosaïquement, l’action de ce roman se passant en Corse et l’auteur étant lui même Corse, l’occasion était rêvée de célébrer les origines insulaires de notre famille, le hasard faisant bien les choses, dans le village mitoyen ( Penta di Casinca ) de celui où je réside une bonne partie de l’année était organisé une rencontre : « scritti isulani » et Jérôme Ferrari en était l’invité principal, d’où l’idée de subtiliser discrètement le livre à ma mère afin de le faire dédicacer par son auteur.
En ce qui concerne le fait de le photographier, ce fut très simple une fois la longue séance dédicace terminée nous avions convenu qu’il me consacrerait quelques instants pour la réalisation de ce diptyque.
Le fait qu’il y ait une photo yeux ouverts et une yeux fermés est au départ un accident de parcours : j’ai entrepris de photographier des gens que j’aime ou que j’admire avec mon 3GS et il se trouve que lors d’une de ces séances de prise de vues un de mes « modèles » à fermé les yeux sur une des photos, la juxtaposition des deux photos (œil ouvert œil fermé ) m’a immédiatement parue digne d’intérêt et j’ai décidé que la suite de ses séances se ferait sous ce principe du diptyque, cela donne beaucoup plus de place à l’imaginaire avec un petit côté Ying &Yang qui n’est pas pour me déplaire.
J’ai expliqué brièvement ce principe à Jérôme Ferrari et il en a accepté l’augure sans ciller, ce fut très bref juste 2 photos en tout et pour tout, ça c’est le côté magique de la photo avec le téléphone, pas de grand tralala pas de grand barnum, « just point & shoot » en 2 minutes c’était dans la boite, ce qui est parfait pour les gens très sollicités ou ceux qui redoutent d’être pris en photo.
c’est le côté magique de la photo avec le téléphone, pas de grand tralala pas de grand barnum, « just point & shoot » en 2 minutes c’était dans la boite
Et ce portrait sera-t-il publié ou exposé ?
En ce qui concerne l’avenir de ces clichés rien n’est encore décidé, dans un premier temps il faut que j’étoffe la série, pour ce qui est des photos de Corse, là j’ai un projet de réalisation de livre : « Corsica Astrimente » (la Corse autrement) où seraient réunies mes photos loin des images cartes postales que l’on trouve habituellement, principalement dans le traitement desdites images, j’ai en ce moment un petit faible pour l’ensemble Hipstamatic 262 – Objectif Kaimal Mark II et film D-Type Plate… L’idée de faire du vieux avec du neuf me convient assez, peut être la nostalgie d’une époque que je n’ai pas connue, il y a longtemps que je pratique, mais je ne suis pas aussi vieux que Niepce ou Daguerre
J’ai parlé de ce projet à Jérôme Ferrari après lui avoir montré quelques exemples sur l’iPad, ce qui m’a valu des félicitations de sa part, (ça fait toujours plaisir) et en ai profité même pas peur) pour lui demander s’il serait d’accord pour en écrire la préface, je le cite : « j’aime beaucoup la photographie, étant très sollicité je ne peux rien vous promettre pour l’instant, reparlons en quand votre projet sera abouti ».
Il m’arrive aussi de traiter dans ce style des images faites avec mes Nikon reflex ou mon petit Sony T7, j’ai sur mon Mac toute une batterie d’outils pour mener à bien ce genre de procédé, quant au dogme photo brute sortie de l’iPhone ou passée à la moulinette Mac & co, je ne m’interdis rien : pourquoi se priver des moyens de production mis à notre disposition ? Cela dit, environ 80% de ce que je montre de mes images iPhone sont traitées sur l’iPhone ou sur l’iPad avec les applis iOS.
Pourquoi restes-tu fidèle au 3GS depuis tant d’années ? Ne le trouves-tu pas parfois un peu trop limité techniquement ?
C’est très simple : il n’y a pas de mauvais appareils et c’est le bonhomme qui fait la photo, la course aux pixels et toute la tarte à la crème qui en découle, peu m’en chaut. Je n’ai rien contre les avancées technologiques et je trouve tellement miraculeux de pouvoir faire des photos avec ce genre d’engin que, dans l’immédiat, cela me convient très bien. Pour ce qui est des limites, je dirais presque que c’est cela qui en fait l’intérêt ; quand on fait du sténopé on ne se demande pas quelles en sont les limites, on pratique ce genre en connaissance de cause.
Comment es-tu venu à la photo sur iPhone ?
Ce n’est pas moi qui suis venu à l’iPhone c’est lui qui est venu à moi Internet, la presse, le buzz, m’ont convaincu que c’était un des jouets qui manquait à mon quotidien. Maintenant je suis envouté par ce bidule, c’est un formidable objet de communication : notion qui fait pour moi le sel de la vie, et la spontanéité de cette pratique photographique est bien évidemment un réel bonus. Le tout complété bien évidemment par la découverte d’i comme photo.
Maintenant je suis envouté par ce bidule, c’est un formidable objet de communication
Peux-tu nous parler – brièvement, même si c’est une gageure ! – de ton parcours de photographe ?
Là : il va falloir augmenter la pagination : pour faire bref, premier appareil à l’âge de 7ans, donc si je compte bien cela fait 55 ans de pratique ! Avec quelques étapes marquantes : sacré Jeune Reporter Kodak à l’âge de 12 ans, j’avais gagné une caméra super 8 : j’étais fou de rage, je voulais un appareil photo , Lauréat du prix des jeunes photographes 1980 et 81 aux Rencontres Internationales de la Photo – Arles – Réalisation de la couverture de Libération à l’occasion du mois de la photo 1987 : une commande de Christian Caujolle – suivi d’une exposition au Musée d’Art Moderne (Beaubourg Paris) intitulée : Images Fabriquées, le tout entrecoupé de passages dans la presse, dans la pub,et d’un passage à la télé comme collaborateur artistique de feu : Les Enfants du Rock.
Ma vie artistique ne s’est pas limitée à la photo, j’ai aussi pratiqué la peinture, la gravure (participation à la Fiac Edition) et aussi la sculpture et quand il me reste un peu de temps un peu de musique et de chansons pour détendre les zygomatiques.
Toi qui a eu la chance de côtoyer de très grands noms de la photographie, comment vois-tu la célébrité dont jouissent certains jeunes photographes sur Instagram, et leur exposition dans les médias ?
Brassaî, Kertetz, Doisneau, Newton, Gautrand, Burri, Clergue, Sieff… ont fait partie de ces grands noms de la photo que j’ai eu l’occasion de fréquenter, voire d’exposer en leur compagnie, sans oublier de grands acteurs du monde de la photo comme Jean-Claude Lemagny le directeur du département photo de la Bibliothèque Nationale et Christian Caujolle directeur de la photo à Libé, devenu le patron de la fameuse agence VU, ainsi que toute la bande du labo Imaginoir à qui je dois une reconnaissance éternelle, sans oublier mon premier patron Max-Yves Brandilly qui fut le premier à croire en mon avenir potentiel dans la photo.
En ce qui concerne les jeunes vedettes d’Instagram, j’avoue ne pas les connaitre suffisamment pour donner un avis tranché sur le phénomène. Ce que j’ai remarqué, c’est la présence de nombreuses filles ou femmes iphonographes apportant un souffle nouveau et sensible dans ce domaine.
Moi-même, je ne suis pas sur les réseaux sociaux comme Instagram, j’ai beaucoup participé à une époque au site Eye’Em, mais le fait de n’exister que par les followers ou les likes n’est pas vraiment dans ma culture, et je me lasse vite de ce genre de pratique. Je comprends cependant très bien que ce soit une opportunité pour ces jeunes gens de se faire une petite place au soleil.
Chez Voz’Images, la galerie où je suis en résidence actuellement, une rubrique Lee Phon (sic) présente quelques-uns de mes premiers clichés faits au 3GS, rien de bien conséquent dans le sens où il y a la forme, mais pas nécessairement le fond ; je suis plus attaché à l’heure actuelle à la réalisation de projets ayant un liant plus conséquent.
Lien : Lee Phon sur Voz’Images
Toutes photos (c) Captain Fluo, excepté photo d’ouverture, (c) Angèle Stennier
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